Que signifie le geste effectué par Marine Le Pen au côté d'un suprémaciste estonien ?

Utilisé en plongée sous-marine pour signifier à son partenaire que tout va bien, ce geste a également été adopté par plusieurs suprémacistes blancs américains pendant la campagne de Donald Trump.
Question posée par Matthieu le 16/05/2019
Bonjour,Nous avons raccourci votre question, qui était à l’origine : «Ce matin sur France Inter, Marine Le Pen a été questionnée par rapport à un selfie sur lequel elle ferait un geste suprémaciste blanc aux côtés d’un suprémaciste estonien. Pouvez-vous fact-checker sa réponse ? Elle a répondu que ce geste était très anodin et signifiait OK pour les plongeurs. Elle a ensuite affirmé : "Cette histoire de geste suprémaciste blanc est un gigantesque trollage effectué par un forum très connu". Quant au fait que cette personne s’affiche clairement comme un suprémaciste blanc, elle a répondu qu’il s’agissait en réalité d’un suprémaciste finnois, et que c’était donc bien plus "anecdotique".»
Vous faites référence à la photo ci-dessus, postée mardi sur le compte Facebook de Ruuben Kaalep, figure de l’extrême droite locale estonienne, pays où Marine Le Pen terminait mardi sa tournée européenne auprès de plusieurs partis nationalistes.
Que voit-on sur cette photo ? Marine Le Pen et Ruuben Kaalep, tout sourire, faire chacun un signe de la main. Un signe utilisé notamment en plongée sous-marine pour signifier que tout va bien. La photo a depuis été supprimée de la page Facebook de Kaalep, à la demande de Marine Le Pen.
Interrogée ce matin sur France Inter, Marine Le Pen s’est justifiée ainsi, à propos de ce geste : «Ce n’est pas un geste suprémaciste blanc. C’est un geste qui veut dire OK pour les 7 milliards de personnes qui vivent sur notre planète. C’est un geste de plongeur, international, connu par tout le monde. Et d’ailleurs, vous trouvez sur Internet des dizaines de personnes, Macron, Obama, qui font ce geste.»


Ajoutant : «En réalité, ce geste de suprémaciste blanc est un gigantesque trollage, effectué par un forum très connu qui s’appelle 4Chan, et qui a effectué ce trollage pour se moquer de la presse traditionnelle. Tout le monde est tombé dans ce piège.»
Comment expliquer que ce geste puisse être aussi assimilé au suprémacisme blanc? Car il a également été utilisé par diverses figures de l’extrême droite américaine depuis 2015, comme l’expliquait Numerama dès septembre 2018.
C’est le conservateur pro-Trump «Pizza Party Ben», célèbre pour ses blagues sur Vine et Twitter, qui aurait lancé le mouvement, suivi ensuite par plusieurs figures de proue de l’extrême droite américaine et du suprémacisme blanc. Parmi les plus célèbres : Milo Yiannopoulos, le militant pro-Trump accusé de cautionner la pédophilie, ou Richard Spencer, connu notamment pour avoir lancé «Heil Trump !» - en référence au salut fasciste d’Hitler - devant 200 partisans deux semaines après l’élection de Donald Trump.

Le «OK» utilisé en plongée, signe de ralliement d’une partie de l’extrême droite américaine ? L’histoire se complique ensuite. Jugeant que les médias surinterprétaient ce signe, des internautes du forum 4Chan ont en effet commencé à tourner ce geste en dérision. A l’époque, ils avaient notamment créé le hashtag #PowerHandPrivilege (que l’on peut traduire par «privilège de la main qui détient le pouvoir»). Le principe : déterrer de vieilles photos avec des personnalités connues faisant ce geste, en se demandant à chaque fois si elles aussi étaient des suprémacistes blancs. Récemment, le pape ou encore Alexandria Ocasio-Cortez, symbole de la nouvelle vague démocrate aux Etats-Unis, ont été accusés par des internautes d’être des suprémacistes blancs parce qu’ils avaient fait ce geste.
Difficile donc d’attribuer un seul et unique sens à ce geste, utilisé il est vrai par plusieurs personnalités d’extrême droite pendant la campagne de Donald Trump. Mais détourné ensuite par des internautes, qui reprochaient aux médias de l’avoir trop politisé.

Dauphins
Il n’y a pas qu’aux Etats-Unis que la récupération par l’extrême droite de signes a priori anodins intrigue les journalistes.En France, la passion pour les dauphins de Frédéric Chatillon, ancien leader du GUD, proche de longue date de Marine Le Pen, avait également été scrutée de près par les journalistes Mathias Destal (cofondateur du média d’investigation Disclose) et Marine Turchi (Mediapart), auteurs du livre d’enquête publié en 2017 «Marine est au courant de tout…».
Chatillon avait en effet pour habitude de faire régulièrement des références aux dauphins dans ses posts Facebook (un exemple ci-dessous, datant de janvier 2017).

Ce qui, pour les deux journalistes, pourrait être un nom de code pour parler de… Adolf Hitler. «Il y a en effet dans les milieux d’extrême droite ce mot de code pour qualifier Hitler, "Tonton Dolfi". Que l’on peut aisément rapprocher de Dolphin, et donc de dauphin. Et par ailleurs, Frédéric Chatillon est plutôt coutumier des blagues un peu provocatrices et des sous-entendus. C’est de là que vient ce rapprochement entre sa passion pour les dauphins et Hitler», expliquait en 2017 à Arrêt sur images Mathias Destal. Ajoutant : «On sait que Chatillon et ses copains ont une certaine affection pour Hitler, le régime nazi, les thèses révisionnistes et antisémites. C’est tout un faisceau d’indices qui laisse sous-entendre qu’il peut y avoir un rapprochement à faire entre les dauphins et Hitler.»
L’ancien leader du GUD avait fini par répondre à ces accusations sur sa page Facebook, assurant qu’il «emmerdait Adolf Hitler et le troisième Reich». Ainsi que tous ces journalistes «qui se permettent de raconter n’importe quoi sur son compte». Concluant son post ainsi : «Et vive les dauphins !»
Marion Le Pen s'explique après une photo la montrant avec un skinhead
Mis à jour le

Le Point publie une photographie embarrassante pour la jeune députée. Prise lors d'une soirée du Front National, l'élu y pose avec des leaders de groupes radicaux.
Le cliché embarrasse Marion Maréchal-Le Pen, à tel point que la jeune députée a tenu a faire une "mise au point" par communiqué. Dans son édition du 11 avril, Le Point
publie une photographie de la députée frontiste, prise lors du 40e
anniversaire du Front National, célébré à huis clos le 8 décembre
dernier.
Le magazine explique que la jeune élue prend la pose aux côtés d’Edouard Klein, leader du GUD, et de Baptiste C., présenté comme une figure du "mouvement skin". "Des responsables de groupes radicaux", décrypte Le Point, "adeptes d’idées et d’attitudes extrémistes qui officiellement n’ont plus cours au FN".
Les hommes sont en effet bien éloignés de la stratégie de dédiabolisation mise en place par le parti, comme le montre un autre cliché publié par le magazine. Sur cette photographie, Baptiste C. apparaît avec un casque siglé SS, faisant le salut nazi devant un drapeau orné d’une croix celtique.
La député se désolidarise encore de leur idéologie, expliquant que "ces gens se trompent de porte en venant au Front National". Elle conclut en s’étonnant "de voir soudainement apparaître ces clichés, en pleine crise morale du Gouvernement suite à l’affaire Cahuzac".
Interrogée par BFM TV, Marine Le Pen a volé au
secours de sa nièce. "La pauvre Marion elle est comme moi, elle fait des
photos avec des milliers de gens. Evidemment elle n’est en aucun cas
responsable", affirme-t-elle.
"Ce garçon a été viré du Front National", complète la présidente du parti. "D’ailleurs on remercie les balances. (…) Merci à ceux qui nous permettent de faire le ménage".
Marine Le Pen avait déjà eu à faire face à des clichés embarrassants pour le Front National. En 2011, Alexandre Gabriac, candidat FN aux élections cantonales était apparu sur des photos en train de mimer le salut nazi. Il avait été exclu du parti.
Le magazine explique que la jeune élue prend la pose aux côtés d’Edouard Klein, leader du GUD, et de Baptiste C., présenté comme une figure du "mouvement skin". "Des responsables de groupes radicaux", décrypte Le Point, "adeptes d’idées et d’attitudes extrémistes qui officiellement n’ont plus cours au FN".
Les hommes sont en effet bien éloignés de la stratégie de dédiabolisation mise en place par le parti, comme le montre un autre cliché publié par le magazine. Sur cette photographie, Baptiste C. apparaît avec un casque siglé SS, faisant le salut nazi devant un drapeau orné d’une croix celtique.
Des fréquentations encombrantes
Visiblement, la publication de cette photographie n’est pas appréciée par Marion Maréchal-Le Pen, qui a tenu à faire une "mise au point" par communiqué. "Depuis mon élection, je suis très régulièrement prise en photo et, pas plus que les autres personnalités publiques, je n’ai les moyens de m’assurer que ceux qui posent avec moi ne sont ni des fraudeurs fiscaux, ni des repris de justice, ni des criminels ou des extrémistes", se dédouane l’élue.La député se désolidarise encore de leur idéologie, expliquant que "ces gens se trompent de porte en venant au Front National". Elle conclut en s’étonnant "de voir soudainement apparaître ces clichés, en pleine crise morale du Gouvernement suite à l’affaire Cahuzac".
Marine Le Pen remercie les "balances"
"Ce garçon a été viré du Front National", complète la présidente du parti. "D’ailleurs on remercie les balances. (…) Merci à ceux qui nous permettent de faire le ménage".
Marine Le Pen avait déjà eu à faire face à des clichés embarrassants pour le Front National. En 2011, Alexandre Gabriac, candidat FN aux élections cantonales était apparu sur des photos en train de mimer le salut nazi. Il avait été exclu du parti.