La médecine dentaire holistique contre le control mental

La médecine dentaire holistique

Qu’est-ce que c’est?

La médecine dentaire holistique se distingue surtout de la dentisterie traditionnelle par le fait qu’elle n’utilise ni mercure ni fluor. Elle insiste également sur l’utilisation de matériaux biocompatibles pour fabriquer les obturations des caries. De plus, elle prend en considération tous les aspects de la santé de l’individu. Selon la logique de la médecine dentaire holistique, une carie dentaire ou un abcès signale un déséquilibre plus général dans l’organisme, et une dent malade peut être à l’origine de problèmes ailleurs dans le corps. La médecine dentaire holistique privilégie également une saine alimentation et diverses approches complémentaires, comme l’homéopathie, l’aromathérapie, la médecine énergétique et l’ostéopathie, pour traiter les problèmes de santé.
En ce qui concerne la fluoration de l’eau, mentionnons que les dentistes holistiques croient que les différentes études sont trop contradictoires pour qu’on puisse être vraiment sûr de son innocuité. Ils considèrent que les effets secondaires allégués, surtout en ce qui concerne l’ostéoporose, justifient d'en bannir l'utilisation, d’autant plus qu’une saine alimentation et une bonne hygiène seraient suffisantes pour combattre la carie.

Les amalgames au mercure

Les dentistes holistiques ont résolu de ne pas utiliser d’amalgames au mercure pour effectuer les obturations des caries, par crainte d’intoxications possibles. Les amalgames au mercure, de couleur argent, communément appelés « plombages », sont utilisés par les dentistes depuis environ 175 ans. Ils sont faciles d’utilisation, durables et abordables. Mentionnons que, malgré leur nom, ils ne contiennent pas de plomb, mais un alliage de métaux (argent, étain, zinc, cuivre) et 50 % de mercure, une substance fortement toxique si elle se retrouve dans l’organisme.
On a longtemps cru que le mercure des amalgames ne pouvait pas migrer vers l'intérieur du corps. Toutefois, des recherches effectuées depuis quelques dizaines d’années ont démontré que des vapeurs de mercure s’échappent continuellement de la surface des amalgames et que la mastication et le bruxisme (le grincement des dents) contribuent à cette libération1. De plus, quand on doit enlever ou restaurer une obturation, la chaleur dégagée par la fraise provoque le dégagement de vapeurs de mercure qui peuvent être absorbées par l’organisme si elles ne sont pas adéquatement éliminées.

Un risque pour la santé?

Le débat sur la toxicité du mercure ne date pas d’hier2,3. La polémique a commencé dès l’introduction de l’amalgame au mercure aux États-Unis au début des années 1830. Les dentistes américains se sont rapidement opposés à son utilisation à cause des effets secondaires qu’ils lui imputaient, comme la démence (des états confusionnels) et les troubles moteurs. En 1840, ils ont créé l’American Society of Dental Surgeons et ont adopté une résolution en interdisant l'usage. Mais la Society s’est dissoute en 1856. Trois ans plus tard, les tenants de l’amalgame au mercure créaient l'American Dental Association (ADA), qui regroupe encore aujourd’hui les dentistes américains, et qui défend l'innocuité du mercure comme matériau dentaire4.
À partir des années 1980, les données2,5,6 accumulées sur les effets néfastes du mercure sur la santé des individus et de l’environnement ont de nouveau remis en question son utilisation. Plusieurs études ont révélé que le mercure, une fois ingéré, se fixe dans les tissus organiques, surtout dans les reins, le cerveau, les poumons, le foie, le tractus gastro-intestinal et les glandes exocrines. Il pourrait leur causer des dommages. D’autres études7,8 ont démontré qu’il représente un danger pour le foetus. De plus, la documentation scientifique9 fait état de centaines de cas de patients qui, souffrant de troubles chroniques, ont vu leur état s’améliorer radicalement après l’élimination de leurs amalgames dentaires au mercure. Toutefois, étant donné l’absence d’études contrôlées, il est difficile d’établir un rapport de cause à effet dans ces cas.
Les défenseurs du mercure font valoir qu’il n’y avait aucune preuve que les minimes quantités libérées par les amalgames dentaires aient un effet nocif. En outre, ils ont fait remarquer que l’utilisation du mercure depuis 175 ans - sans conséquences néfastes démontrées - prouve bien qu’il s’agit d’un produit sécuritaire. Pourtant, à la suite d'une exhaustive synthèse des études publiées de 1997 à 2002, la Suède et l’Allemagne recommandaient que l'utilisation des amalgames dentaires au mercure cesse dès que possible10,11. En 2008, la Suède a banni, pour des raisons environnementales, l’utilisation de tout produit contenant du mercure, incluant les amalgames. Cependant, l’ADA considère que cette mesure n’est pas nécessaire aux États-Unis où le mercure est récupéré de façon sécuritaire12.

Les positions officielles

Plusieurs associations professionnelles, notamment l’American Dental Association4 et l’Association dentaire canadienne13, ne voient aucune nécessité de bannir le mercure, en l’absence de preuves concluantes sur sa toxicité. À l'opposé, l’Association de médecine dentaire holistique du Québec14 et l’Académie internationale de médecine bucco-dentaire et de toxicologie15 font valoir que le mercure est un poison et qu’il n’existe pas de dose qu’on peut qualifier de sécuritaire. En l’absence de certitudes scientifiques, les dentistes de ces associations invoquent le principe de précaution. Ils affirment que le risque potentiel qu’on évite justifie les coûts supplémentaires de 30 % à 35 % des composites utilisés pour remplacer les amalgames au mercure.
Pour sa part, Santé Canada, à la suite du dépôt d’un rapport exhaustif préparé par Dr Mark Richardson16, a conclu dans un document intitulé L’innocuité des amalgames dentaires1 qu’on ne peut pas affirmer que les amalgames au mercure présentent un danger réel pour la majorité de la population, mais que la prudence s’impose.

Voici un résumé des principales conclusions de ce document.
  • En règle générale, il paraît préférable de réduire l’exposition des humains aux métaux lourds présents dans l’environnement, même en l’absence de preuves cliniques d’un quelconque effet néfaste pour la santé, à condition que l’on puisse y parvenir à un coût raisonnable et sans créer de nouveaux effets néfastes.
  • Même si les amalgames dentaires au mercure constituent la source unique la plus importante d’exposition au mercure pour la moyenne des citoyens, rien ne permet actuellement de prouver qu’ils nuisent à la santé de la population en général. Toutefois, il existe une faible proportion (3 %) de gens hypersensibles au mercure et chez lesquels cet élément peut entraîner de graves problèmes de santé, même à faibles doses.
  • Il ne nous paraît pas justifié d’interdire complètement l’utilisation des amalgames au mercure, ni de recommander l’élimination des obturations d’amalgame au mercure en bon état chez les patients qui ne présentent aucun signe d’effets néfastes attribuables à une exposition au mercure.
  • On devrait songer à utiliser des matériaux dentaires sans mercure pour la restauration des dents de lait des enfants, lorsque les propriétés mécaniques de ces matériaux sont adéquates.
  • Dans la mesure du possible, on devrait éviter d’installer ou de retirer des amalgames au mercure des dents de patientes enceintes.
  • On devrait éviter d’utiliser des amalgames dentaires au mercure pour des patients souffrant d’affections rénales.
  • Lorsqu’ils installent ou retirent des amalgames dentaires au mercure, les dentistes devraient utiliser des méthodes et des équipements permettant de réduire le risque d’exposition aux vapeurs de mercure, tant pour leurs patients que pour eux-mêmes, et éviter que les déchets d’amalgames aboutissent dans les réseaux d’égouts urbains.

Les solutions de rechange

La plupart des autorités de santé publique recommandent de limiter l’usage d’amalgames dentaires au mercure et d’informer la population afin qu’elle puisse faire un choix éclairé sur les matériaux offerts pour réparer les cavités dentaires. Les dentistes holistiques conseillent d’utiliser uniquement des matériaux biocompatibles pour restaurer les cavités et de remplacer progressivement les amalgames au mercure. À cette fin, le Protocole d'ablation d'amalgame dentaire au mercure propose une série de mesures pour éviter l’absorption de mercure durant la pose, le retrait ou le polissage des amalgames. Le dentiste doit, entre autres, garder l’amalgame froid et utiliser un système d’aspiration pendant toute la durée de l’opération pour éviter que des particules soient avalées.
Le Guide du patient, publié par l’Association de médecine dentaire holistique du Québec, offert sur leur site (voir Sites de référence), donne beaucoup de renseignements pratiques sur les solutions de rechange aux amalgames de mercure.
Au Québec, pour consulter un dentiste holistique accrédité, adressez-vous à l'Association de médecine dentaire holistique du Québec14. Ailleurs dans le monde, l’Académie internationale de médecine bucco-dentaire et de toxicologie (International Academy of Oral Medicine & Toxicology)15 regroupe les dentistes holistiques de plusieurs pays.

Applications thérapeutiques de la médecine dentaire holistique

À ce jour, la médecine dentaire holistique n’a fait l’objet d’aucune publication scientifique évaluant ses bienfaits spécifiques sur la santé buccale et dans le traitement de divers problèmes de santé. En conséquence, on ne peut conclure à l’efficacité de cette thérapie pour traiter d’autres affections que celles directement reliées à la pratique dentaire classique.
Médecine dentaire holistique
Section Applications thérapeutiques
Recherche, rédaction et révision scientifique 
: Claudine Blanchet, Ph. D., Chaire en approche intégrée en santé, Université Laval.
(octobre 2009)

La médecine dentaire holistique en pratique

La première rencontre ne se déroule pas tout à fait comme chez un dentiste classique, puisqu’on ne s’intéresse pas uniquement à vos dents, mais aussi à votre état de santé général, à vos antécédents médicaux et à vos attentes particulières. De plus, un dentiste holistique aura tendance à vous donner des conseils généraux de santé. Par exemple, s’il constate la présence d’un tapis blanchâtre ou brunâtre sur votre langue, il pourra vous proposer d’utiliser un grattoir à langue, de prendre des remèdes homéopathiques ou de consulter un naturopathe. Si vous avez des problèmes de gencives, il vous suggérera peut-être de fabriquer un dentifrice maison à base de bicarbonate de soude (« petite vache »). Toutefois, les interventions habituelles comme le nettoyage et l’examen des dents, les radiographies, la réparation des dents, etc. se déroulent à peu près de la même façon que chez un dentiste traditionnel.

Formation en médecine dentaire holistique

La formation en dentisterie holistique est offerte en complément aux dentistes déjà reconnus. Elle enseigne, entre autres, les nouvelles techniques d’utilisation des matériaux sans mercure. Des cours sont offerts entre autres par l'Académie de dentisterie biocompatible du Québec14 et l'Académie internationale de médecine bucco-dentaire et de toxicologie15.

Médecine dentaire holistique - Livres, etc.

Gauthier Yves. Les dents-lumière - Vers la santé par la médecine dentaire holistique, Éditions Soleil, Suisse, 1989.
On y traite de prévention, de soins dentaires, d’alimentation, de la polémique soulevée par les amalgames au mercure, des matériaux de remplacement, et on y donne quelques conseils culinaires...
Hervé Denis. La médecine dentaire holistique : Une approche thérapeutique multidisciplinaire, Louise Courteau, Canada, 1991.
Un ouvrage complet qui démystifie la médecine dentaire holistique.
La section Online Store du site HugNet propose des livres et des vidéos en anglais réalisés par le Dr Huggins, l’un des pionniers américains dans la recherche de matériaux dentaires biocompatibles. [Consulté le 13 octobre 2006].
www.hugnet.com

Médecine dentaire holistique - Sites d’intérêt

Académie internationale de médecine bucco-dentaire et de toxicologie
International Academy of Oral Medicine & Toxicology (IAOMT)

L’IAOMT regroupe, depuis 1984, les médecins, les dentistes et les chercheurs préoccupés par la biocompatibilité des matériaux dentaires et qui contestent l’emploi du mercure.
www.iaomt.org
Association de médecine dentaire holistique du Québec
Le site fournit d'abondantes informations sur la dentisterie holistique et sur les dangers potentiels liés aux amalgames contenant du mercure. On y trouve également les coordonnées des dentistes holistiques.
www.amdhq.qc.ca
Association dentaire canadienne
La Foire aux questions sur l’amalgame dentaire est particulièrement éclairante.
www.cda-adc.ca
HugNet
Le site du Dr Hal A. Huggins, spécialiste dans la recherche sur les matériaux dentaires biocompatibles, présente des documents éducatifs pour le grand public et les professionnels.
www.hugnet.com
Non au mercure dentaire
Une association militant en France contre l’usage de matériaux toxiques pour les restaurations dentaires.
http://nonaumercuredentaire.free.fr
SEVA
Une autre association militante, de Suisse cette fois, qui offre, en français, de l’information sur la toxicité du mercure; des études, des témoignages, des rapports, etc.
www.sevaonline.com

Recherche et rédaction : Monique Lalancette et Léon René de Cotret
Mise à jour : novembre 2009

Médecine dentaire holistique - Références

Références

Note : les liens hypertextes menant vers d'autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est possible qu'un lien devienne introuvable. Veuillez alors utiliser les outils de recherche pour retrouver l'information désirée.
Bibliographie
American Dental Association. [Consulté le 13 octobre 2006]. www.ada.org
Association de médecine dentaire holistique du Québec. [Consulté le 13 octobre 2006]. www.amdhq.qc.ca
Association dentaire canadienne. [Consulté le 13 octobre 2006]. www.cda-adc.ca
Hébert Mona. Les dents, clés de la santé, Guide Ressources, janvier 2002.
L’innocuité des amalgames dentaires, Santé Canada. [Consulté le 13 octobre 2006]. http://dsp-psd.communication.gc.ca
International Academy of Oral Medicine & Toxicology (IAOMT). [Consulté le 13 octobre 2006]. www.iaomt.org
Koral Stephen M. The Scientific Case Against Amalgam, International Academy of Oral Medicine & Toxicology (IAOMT), 2005. [Consulté le 13 octobre 2006]. www.iaomt.org
PubMed - National Library of Medicine. www.ncbi.nlm.nih.gov
Notes
1. L’innocuité des amalgames dentaires, Santé Canada. [Consulté le 13 octobre 2006]. http://dsp-psd.communication.gc.ca
2. Lorscheider FL, Vimy MJ, Summers AO. Mercury exposure from "silver" tooth fillings: emerging evidence questions a traditional dental paradigm. FASEB J 1995 Apr;9(7):504-8. Synthèse d'études.
3. Wahl MJ. Amalgam--resurrection and redemption. Part 2: The medical mythology of anti-amalgam. Quintessence Int 2001 Oct;32(9):696-710. Synthèse d'études.
4. American Dental Association (ADA), États-Unis. [Consulté le 13 octobre 2006]. www.ada.org
5. The Scientific Case Against Amalgam, International Academy of Oral Medicine & Toxicology (IAOMT), États-Unis. [Consulté le 13 octobre 2006]. www.iaomt.org
6. Sélection d'études publiées dans des revues scientifiques, dentaires et médicales sur le relargage de mercure provenant d'amalgames dentaires ainsi que sa toxicité, SevaOnline. [Consulté le 13 octobre 2006]. www.sevaonline.com
7. Vimy MJ, Hooper DE, et al. Mercury from maternal "silver" tooth fillings in sheep and human breast milk. A source of neonatal exposure. Biol Trace Elem Res 1997 Feb;56(2):143-52.
8. Clarkson TW. The toxicology of mercury. Crit Rev Clin Lab Sci 1997 Aug;34(4):369-403. Synthèse d'études.
9. Is there any change in symptoms after amalgam replacement?, Statson.org. [Consulté le 13 octobre 2006]. http://stason.org
10. Legault Jean-Benoit. La Suède pourrait bannir les amalgames dentaires, PasseportSanté.net, Canada, septembre 2003.
11. Berlin Maths. Mercury in dental-filling materials –– an updated risk analysis in environmental medical terms, The Dental Material Commission, Suède, 2003. [Consulté le 13 octobre 2006]. www.drfarid.com
12. American Dental Association on Sweden’s Mercury Ban, American Dental Association, 2009. [Consulté le 17 novembre 2009]. www.ada.org
13. Foire aux questions sur l'amalgame dentaire, Association dentaire canadienne (ADC), [Consulté le 13 octobre 2006]. www.cda-adc.ca
14. Association de médecine dentaire holistique du Québec, Canada. [Consulté le 13 octobre 2006]. www.amdhq.qc.ca
15. International Academy of Oral Medicine & Toxicology (IAOMT), États-Unis. [Consulté le 13 octobre 2006]. www.iaomt.org
16. Richardson Mark. Évaluation de l'exposition au mercure et des risques dus aux amalgames dentaires, Santé Canada. [Consulté le 13 octobre 2006]. http://dsp-psd.communication.gc.ca



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