Cela se passe chez nous sous nos yeux. C'est un très gros problème car ce trafic génère de l'argent facile.
« J'étais la meilleure pouliche de son écurie, la gentille jeune fille d'à côté. C'était trop pour moi. »
Les femmes dont on a cassé la volonté très jeunes restent marquées à vie.
« Si je m'étais défendu, ils m'auraient tué. »
C'est
un grave problème de société et tout le monde préfère regarder
ailleurs. La plus grande injustice sociale à mes yeux est l'esclavage
moderne. Dans les grandes politiques publiques nationales, ce n'est pas
un sujet que l'on voit. Le trafic d'enfants recouvre différents délits :
séquestration, pédopornographie, adoptions illégales, exploitation par
le travail, mendicité et vol, prélèvement d'organes et surtout
prostitution forcée.
Il existe des organisations qui se livrent
au trafic d'enfants et à leur exploitation sexuelle, ce ne sont pas des
actes isolés c'est bel et bien de la criminalité organisée. Et il s'agit
d'un marché très lucratif. Car les mineurs sont des proies extrêmement
convoitées. Linda avait 16 ans quand elle a rencontré l'homme qui est
devenu son proxénète.
« Je suis tout de suite tombée amoureuse de
lui c'est allé très vite, j'étais en mal d'affection à l'époque mais
avec lui je me sentais comme une princesse et me disait que j'étais une
fille super avec beaucoup de potentiel parce que tous les hommes avaient
envie de moi parce que j'étais la femme idéale. Et puis le martyre a
commencé dès le premier client. On était dans un petit hôtel, je crois
que mon herpès date de ce jour-là, c'était vraiment horrible crasseux et
tout, mais quand on vous donne 50 euros de pourboire d'un coup ça
motive, pour moi c'était incroyable. Après il est revenu dans la chambre
pour m'apporter mon plat préféré et il m'a donné un portable tout neuf.
Je me suis dit "super", il me fait des cadeaux ils se donnent du mal
pour moi. Je n'en revenais pas, on ne s'était jamais occupé de moi. »
Fabrice RIZZOLI
liberation
Le
13 mai, une vague de violence s'est soudain abattue sur les Roms qui
vivaient dans le quartier de Ponticelli à Naples. Leurs camps, dont les
occupants avaient auparavant été vidés par la police, ont été mis à sac
et incendiés par les habitants du quartier. Vengeance populaire
«justifiée» par la tentative d'enlèvement, deux jours plus tôt, d'un
bébé de six mois par une jeune Roumaine âgée de 16 ans qui s'était
échappée d'un foyer pour mineurs. De la Roumaine aux Roms, il n'y a
qu'une syllabe.
En Italie, comme partout en Europe, les Roms
vivent dans des conditions épouvantables : des camps de fortune
installés dans des décharges sauvages ou sous des ponts, îlots de misère
au coeur de l'Occident. Ici comme partout, ils vivent - ou plutôt
survivent - de mendicité et de la revente de métaux récupérés.
Ils
sont sédentarisés depuis longtemps, et pourtant continuent de souffrir
du regard multiséculaire porté sur les «nomades», Gitans, Tsiganes,
Manouches, Roms.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les «voleurs
de poules et d'enfants» se sont retrouvé aux côtés des Juifs,
exterminés dans les camps nazis.
Dans le quartier de Ponticelli,
plus de 1 500 Roms vivaient dans des «microcamps» constitués chacun
d'une dizaine de «baraques». Installés sur des dépotoirs illégaux ou
sous des ponts. Or ce quartier de Naples n'échappe par à la mafia. Il
est contrôlé par le clan Sarno. Ciro Sarno, le chef de clan est en
prison mais ses régents lui obéissent encore.
La mafia a autorisé
les Roms à vivre sur son territoire à condition qu'ils paient le pizzo,
un impôt mafieux de 50 euros par mois. Le clan permettait ainsi aux
Roms de faire la manche et de gérer les décharges illégales. Chaque
jour, les Roms allaient voir les garages et les entreprises afin de
récupérer les batteries et autres matériaux polluants- pour 5 ou 15
euros, les entrepreneurs peuvent se débarrasser de leurs matériaux
lourds. Enfin, le clan autorisait les Roms à voler dans les
appartements. En revanche, il leur était interdit de fréquenter le
centre de Ponticelli, là où les hommes de la Camorra vendent de la
drogue.
Que s'est-il passé à Ponticelli pour que la population
s'en prenne à eux ? La mafia est encore une fois derrière la population :
parmi les personnes arrêtées par la police lors des manifestations et
des dégradations figuraient des femmes de mafieux et des complices de la
Camorra aux casiers judiciaires vierges.
Il aura suffit d'une
bonne occasion (la tentative d'enlèvement dont les contours restent à
clarifier) pour que la mafia passe à l'action. Une action très rentable à
plusieurs points de vue. D'abord la mafia ridiculise l'Etat qui n'a
jamais été capable d'apporter des solutions à l'immigration roumaine.
Aux yeux de la population, en volant au secours d'une petite fille
enlevée et en débarrassant le quartier des voleurs de poules, le clan se
pose en justicier. La mafia a encore augmenté son capital de consensus
social à Naples.
Mais ces expulsions à la sauce mafieuse
pourraient cacher une opération de spéculation immobilière. Les terrains
incendiés font partie d'un plan d'urbanisation. Depuis moins d'un mois,
des appels d'offres ont été lancés pour construire des résidences, des
appartements, des écoles et des hôpitaux. Un financement de 7 millions
d'euros est déjà disponible. Or, dans le cas où les travaux n'auraient
pas pu commencer avant le mois d'août, des gens auraient perdu de
l'argent. Qui ?
Le 21 octobre, la
police de la ville grecque de Larissa a placé en garde à vue Khristos
Salis âgé de 39 ans et Eleutera Dimopulu âgée de 40 ans, accusés
d’enlèvement et de fabrication de faux papiers. Le couple a affirmé que
l’enfant qu’ils élevaient leur a été donné par des Roms de Bulgarie. La
police a publié la photo de ce couple Rom en espérant retrouver les
parents de la fillette qui ne sait dire que quelques mots en romani. La
police suppose que sur les 14 enfants qui vivent dans cette famille, 10
sont adoptifs. Le fond de bienfaisance grec « Sourire de l’enfant » a
récupéré Maria et reçu plus de 8.000 appels téléphoniques, notamment de
la part de familles qui recherchent leur fille disparue. Maria est
actuellement en observation à l’hôpital, ensuite elle sera placée dans
l’un des foyers de l’organisation où elle attendra ses parents
biologiques.
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