gouvernement secret 5
Cooper: Nous n'avions aucunement convenu de nous limiter à ce seul sujet. Est-ce une nouvelle condition?
Le
vétéran: Oui, il vaut mieux parler d'autre chose. Je peux seulement
vous dire qu'il se passe des choses vraiment bizarres à Dreamland.
Cooper: Que voulez-vous dire quand vous prétendez ne plus vous souvenir?
Le vétéran: Je n'arrive plus à me rappeler... Je n'ai vraiment pas envie d'en parler, voilà tout...
Cooper:
Non, s'il vous plaît, ne me faites pas ce coup-là. Allez! Vous m'en
parlez ou vous ne m'en parlez pas, mais cessez de jouer avec mes nerfs!
Qu'avez-vous à ajouter sur Dreamland? Pouvez-vous au moins me dire où
c'est situé?
Le vétéran: Non, je cours un trop grand risque, c'est trop dangereux, et maintenant je suis marié.
Cooper: Très bien, alors parlez-moi de la zone 51.
Le
vétéran: C'est le quartier général de Redlight. Elle est située au lac
Groom dans le Névada Celui-ci est en plein coeur d'un champ de
manoeuvres que vous pouvez voir en consultant une carte. Il s'agit d'un
lac asséché sur le lit duquel on a érigé des installations
ultra-secrètes. On y pratique des vols d'essai à bord de soucoupes
volantes.
Cooper: En avez-vous déjà vu quelques-unes voler?
Le vétéran: Oui, elles sont parfaitement silencieuses et se déplacent à des vitesses prodigieuses.
Cooper: Est-ce le même type d'appareil qu'à Edwards?
Le
vétéran: L'un des deux que j'ai vus est semblable. Quant à l'autre, il
ressemble à un diamant qu'on aurait retourné à l'envers après l'avoir
sorti du chaton d'une bague de fiançailles.
Cooper: Voulez-vous dire qu'il donne vraiment l'impression du diamant?
Le
vétéran: Pas tout à fait, mais la forme est semblable. De plus, en
plein vol, il devient brillant comme le soleil et parfois même
iridescent. Par contre, au sol, il présente la même apparence de métal
terne que la soucoupe d'Edwards.
Cooper: À quelle distance de l'appareil vous teniez-vous quand vous l'avez vu?
Le vétéran: Assez loin puisque personne n'a le droit de s'en approcher, à cause des radiations, sans doute.
Cooper:
Page 39
Entendez-vous par là qu'il était propulsé à l'énergie nucléaire?
Le
vétéran: Je n'en suis pas certain, mais je suppose qu'il représentait
un risque élevé de radioactivité puisqu'il nous fallait toujours porter
un dosimètre* sur nous et aller l'échanger contre un autre tous les
jours pour le faire vérifier.
Cooper: Combien de temps êtes-vous resté à la zone 51?
Le
vétéran: Mon premier stage a duré trois mois. D'ailleurs, jamais
personne n'y est affecté plus longtemps que quelques mois. La seconde
fois, j'y ai été consigné près de cinq mois, comme en temps de guerre,
sans permission de sortie; mais il faut dire que ces quartiers sont
pourvus d'excellents équipements récréatifs.
Cooper: Je suis navré de
vous talonner, mais j'aimerais vraiment en apprendre plus long sur
Dreamland parce que votre témoignage ne semble pas concorder avec mes
autres sources d'information. On m'a dit que la base extranéenne est
située au Nouveau-Mexique. S'agirait-il de Dreamland?
Le vétéran: Il y
a plusieurs bases... Mais je dois maintenant partir. J'ai tort de vous
parler de tout cela; je ne devrais pas, c'est beaucoup trop dangereux,
bien plus que vous ne l'imaginez. Je ne suis pas au courant de tout mais
je sais que la situation est complètement désespérée. A vous dire vrai,
je suis très inquiet de ce que l'avenir nous réserve. Ne me demandez
pas de vous expliquer, je ne sais pas de quoi il s'agit; mais je suis
certain qu'il se trame quelque chose. On construit actuellement
d'immenses abris souterrains sous le lac Groom et ailleurs. De toute
manière, à voir votre dossier, je crois que vous êtes mieux documenté
que moi à ce sujet. Maintenant, permettez que je m'en aille. C'est la
veille de Noël et je demeure assez loin.
Cooper: Avant de partir, voudriez-vous jeter un coup d'oeil aux notes que je viens de prendre et les rectifier s'il y a lieu?
Le
vétéran: Ce n'est pas la peine. J'ai observé pendant que vous écriviez,
et vous n'avez rien oublié. Mais puis-je vous demander ce que vous
comptez faire de ces notes?
Cooper:: Je vais d'abord les compiler
dans un dossier puis les publier sous la forme d'un dialogue en prenant
garde de ne pas vous identifier.
Le vétéran: Si, de toute façon, vous le faisiez, je vous répète que je nierais tout et vous accuserais de diffamation.
Cooper::
Soyez sans crainte, je n'ai jamais nommé mes informateurs. Si, un jour,
vous aviez l'intention de me révéler autre chose, vous avez mon
numéro...
Le vétéran: Je ne pense pas. Vous auriez intérêt à être
très prudent. A votre place, je ferais attention à moi et je ne
rapporterais pas cette conversation. Vous devriez y réfléchir.
Cooper Que pensez-vous qu'il puisse m'arriver'?
Le vétéran: La même chose qu'aux autres... Vous devriez laisser tomber... Vous... Personne n'y peut plus rien changer!
Page 40
Le
reste de notre conversation n'a consisté qu'en salutations d'usage. Cet
homme m'a paru vraiment sincère et profondément tourmenté par ce qu'il
racontait. En tout cas, il semblait se faire réellement du souci pour ma
sécurité comme pour la sienne.
Il est le deuxième à me donner la
description d'une soucoupe volante à la base d'Edwards. Tous deux m'ont
parlé du même insigne de sécurité et ont fait également référence au
fameux Dreamland. Mais c'est la première fois que j'entendais mentionner
l'existence de plusieurs bases extranéennes et aussi celle des
chasseurs de primes. Je crois, de plus, qu'il y a un lien significatif à
établir entre l'usage des dosimètres et l'incident qui est survenu aux
deux femmes dans le Texas. John Lear prétend que Dreamland est situé à
Edwards. Pour ma part, je n'en connais pas l'emplacement. Cette allusion
au «pays des rêves» dans le choix même du mot Dreamland me rend
perplexe parce que cette désignation ne correspond pas à celles que
l'armée à tendance à utiliser pour nommer ses projets ou les sites de
ses opérations. J'aimerais préciser que mes informateurs m'avaient
d'abord signalé que la base extranéenne était située à Dreamland; mais,
par la suite, ils se sont rétractés et ont nié cette information. Il est
tout de même étrange que ce nom revienne constamment sur les lèvres à
chaque fois qu'il est question de la base extranéenne! Par ailleurs,
comment savoir puisque les victimes d'enlèvement invoquent unanimement
la défaillance de leur mémoire?
En définitive, les réponses du
vétéran de l'armée ne m'auront personnellement apporté que de nouvelles
questions.., encore plus troublantes !
*Le type de dosimètre qu'on
utilisait du temps où je servais dans la Marine consistait en une
pellicule photographique insérée dans un insigne que les membres du
personnel devaient épingler à leur chemise lorsqu'ils travaillaient dans
des zones où ils risquaient d'être exposés à des radiations nucléaires.
En raison de sa photosensibilité, la pellicule réagissait aux
radiations et, selon son degré d'exposition, il était possible d'évaluer
la dose exacte de radioactivité à laquelle chaque membre avait pu être
exposé. Au Commandement aérostratégique, je portais un tel dispositif
parce que les aéronefs d'alerte étaient équipés en permanence d’armes
nucléaires. Nos dosimètres étaient vérifiés une fois par semaine. S'ils
indiquaient une exposition aux radiations, il nous fallait alors nous
soumettre à un processus de décontamination. Pour ma part, . Pour ma
part, cette mesure
n'a jamais été nécessaire pendant toute la durée de mon service.
Commentaires
Enregistrer un commentaire